Gaza : des milliers de personnes contraintes de fuir alors que l'offensive militaire israélienne s'intensifie et que l'aide est bloquée à Rafah

Palestiniens deplaces a Rafah
Des milliers de Palestiniens sont contraints de fuir l'est de Rafah à la suite des récents ordres d'évacuation israéliens - 6 mai 2024 © MSF

Les forces israéliennes ont entamé leur offensive sur Rafah et ont pris le contrôle de la frontière, interrompant de fait l'acheminement d’une aide vitale dans la bande de Gaza. Alors que des milliers de Palestiniens sont contraints de fuir l'est de Rafah à la suite des récents ordres d'évacuation israéliens, Médecins sans frontières (MSF) appelle à la protection des civils et à la réouverture du poste-frontière de Rafah.

La fermeture de ce point d'entrée stratégique dans la bande de Gaza met en péril la réponse humanitaire. Les stocks de carburant, de nourriture, de médicaments et d'eau sont dangereusement bas et les civils sont pris au piège des combats.

« La fermeture du point de passage de Rafah aura un impact dévastateur sur l’ensemble du territoire de Gaza » déclare Aurélie Godard, responsable de l'équipe médicale à Gaza. « Après sept mois de guerre, qui ont forcé 1,7 million de personnes à fuir leurs foyers, la décision de fermer ce point de passage ne fait qu'aggraver les conditions de vie déjà désastreuses de la population. »

Le 6 mai, les forces israéliennes ont ordonné à 100 000 personnes vivant dans l'est de Rafah d'évacuer vers Al Mawasi, une zone située entre l'ouest de Rafah et Khan Younis, où les abris et les ressources sont également extrêmement rares.

« Ces personnes sont à nouveau déplacées de force, passant de tentes de fortune à une zone sans abri, sans nourriture, sans eau et sans soins médicaux » explique Aurélie Godard.

L'offensive et l'ordre d'évacuation réduisent encore l'accès aux soins de santé, privant davantage la population de soins médicaux de base.

En début de semaine, le personnel médical et les patients ont dû être évacués de l'hôpital Al-Najjar, tandis que l'hôpital européen de Gaza (EGH) n'est plus accessible. De son côté, MSF poursuit ses activités à l'hôpital indonésien de Rafah mais a laissé sortir les patients pouvant être soignés en ambulatoire. Les activités de MSF à la clinique Al-Shaboura ont, elles, été suspendues jusqu'à nouvel ordre.

« Suspendre les activités d'un poste de santé où nos équipes ont effectué 8 269 consultations pour le seul mois d’avril est catastrophique », déclare Paulo Milanesio, coordinateur d'urgence de MSF à Rafah. « Comment les femmes enceintes, les enfants, les personnes souffrant de maladies chroniques vont-ils se faire soigner et poursuivre leur traitement dans un endroit décimé comme Gaza ? » ajoute-t-il.

MSF transfère également ses activités de l'hôpital Emirati au ministère de la Santé et déplace son personnel à l'hôpital Nasser pour continuer à soutenir les services de maternité dans une zone plus sûre.

« Cela porte à 11 le nombre d'établissements de santé que nous avons été contraints de quitter à Gaza, en l'espace de sept mois seulement », déplore Paulo Milanesio. Depuis le début du conflit MSF témoigne d’attaques systématiques contre les installations médicales et les infrastructures civiles.

Le système de santé à Gaza est démantelé au moment même où les besoins explosent. MSF réitère son appel à un cessez-le-feu immédiat et durable pour mettre fin à la destruction à Gaza et permettre à l'aide vitale d'affluer dans l'enclave.

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